Léo Lefrançois – Avril 2020

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Pour illustrer ce numéro d’avril, c’est à une artiste visuelle aux multiples talents que nous avons confié la couverture. Originaire de Paris, mais strasbourgeoise celui de nombreuses années, Léo Lefrançois aussi connue sous le nom de vj Claude oscille entre installations audiovisuelles, performances live et vidéos expérimentales.

Elle entretient une relation perméable entre image, espace et musique/son. L’image, elle l’explore sous toutes ses facettes – fixe, animée, abstraite et figurative -, à travers des charmes et des incarnations. Elle malaxe la chair, la peau, des membres et le corps dans différentes formes d’écritures : documentaire, expérimentale, fiction, aléatoire, mythologique ; et dans différentes formes hybrides, telles que la sculpture vivante ou la performance vidéale. Léo prolonge ses images dans l’espace, les extirpe de l’espace écranique, faisant croitre des situations d’immersion et d’émersion chez le spectateur : le faisant plonger ou pénétrer dans l’image. L’entrecroisement de disciplines, de médiums et de contextes nourrit sa volonté tenace à toujours transporter le spectateur.

Diffusée uniquement en version digitale, pour la première fois, cette interview sera présentée sous un format inédit et agrémentée de vidéos, qui complèteront les propos de cette artiste unique en son genre.

Coze : Bonjour Léo, pourrait-tu te présenter en quelques mots ?
Léo Lefrançois : En rapide ? Je me nomme Léo Lefrançois et mon nom de scène est Claude. Je suis artiste visuelle, réalisatrice et vj (video-jockey). Des fois stage-scénograph aussi ! Mon champs opératoire se situe à cheval entre l’art contemporain, la scénographie, la vidéo et la musique. C’est étrange de tenter de trouver les bonnes étiquettes qui résume ce l’on fait, lorsque justement on tente de décloisonner les disciplines, les pratiques et les médiums que l’on travaille. Je me vois comme une sarabande contemporaine, une curieuse agitation partant dans de multiples directions !

Coze : Quel a été ton premier rapport avec le milieu artistique ?
Léo Lefrançois : Ça a dû commencer avant même ma naissance. Non, sans rire, je suis issue d’une famille d’artistes : une maman artiste-plasticienne ; un papa scénographe d’exposition ; une grand-mère peintre… Bref, j’ai baigné là dedans très jeune : on m’emmenait dans les musées, les galeries, aux vernissages ; on me poussait à dessiner, à peindre, à sculpter… Beaucoup de choses et de moments étaient prétextes à la création et à la formation d’une sensibilité artistique : la visite d’une ruine gallo-romaine en vacances, l’analyse d’une vierge et l’enfant dans une église, des carnets de voyages avec des dessins et des collages, les innombrables vieux films que ma grand-mère m’a montré, ponctués d’anecdotes savoureuses du temps où elle avait vu ce film pour la première fois. Je dirais que mon cercle familial m’a transmis le gène. Je ne suis pas tombée dessus par hasard.

Coze : Quel parcours scolaire as-tu suivi ?
Léo Lefrançois : Un parcours assez classique. Je n’étais pas une élève exemplaire, mais j’ai joué le jeu. J’ai passé un bac Littéraire, option arts-plastiques, puis j’ai intégré une classe préparatoire aux concours d’écoles d’Art à Fontenay-sous-Bois durant 1 an. De là, j’ai passé les concours des Arts-Décoratifs de Paris et de Strasbourg, des Beaux-Arts de Bourges et Lyon ainsi que celui de Paris-Malaquais en architecture. J’ai intégré les Arts-Déco de Strasbourg (la HEAR maintenant) pour un cursus de 5 ans en 2011. Après un passage éclair en section scénographie, je suis partie en section art et ai intégré le groupe de recherches Hors-Format. Juste après mon premier diplôme (DNAP), en automne/hiver 2014 j’ai effectué un échange Erasmus à Montréal pendant 6 mois à l’UQAM en section art visuel. Ce fût une grosse expérience personnelle, humaine et pédagogique : nouveau pays, nouvelle culture même si ça reste l’occident des choses changent ; un peu d’anglais ; un micro saut en coding et robotique ; la neige et la glace bien sûr ; un saut à Boston voire une acolyte aussi en échange ; un saut à New-York ; et surtout un voyage en train dans la région des lacs du Vermont aux premières neiges ! J’ai obtenu mon second diplôme en 2016 (DNSEP).

Coze : Qu’est-ce qui t’a amené à choisir la HEAR à Strasbourg et quel enseignement as-tu suivi ?
Léo Lefrançois : Ça a été simplement une question de ressenti pour ce choix là. À la fin de mon année de prépa, j’ai eu le choix : les Beaux-Arts de Bourges, de Lyon et la HEAR à Strasbourg. Et si j’ai fini par choisir Strasbourg, c’est presque uniquement parce que lors des 2 jours de concours sur place, l’accueil que nous a réservé les étudiants fût super super chaleureux et bienveillant. Tout bêtement je m’y suis sentie à ma place. Puis le cadre a fini de me charmer. Au sein de l’école, après l’année de cursus général, j’ai donc intégré Hors-Format. Là j’y ai découvert pleins de choses merveilleuses et encore inconnues : l’art vidéo et l’installation audiovisuelle, la performance, le live, la conférence… J’ai pu y poursuivre le développement de ma démarche, mais pas sans heurts ! Il y avait aussi deux grandes préoccupations dans ce groupe : celle du collectif (collaboration, dialogue, co-écriture…) et celle de l’évènement (l’éphémère, la performance, le simultané…), qui par la suite ont fini par court-circuiter ma propre démarche et mes processus de création en profondeur. Par exemple, on avait les « expos champignon », un exercice qui consistait à monter une expo (de toute forme et de toute taille) de A à Z en 15 jours maximum : de la conception au montage en passant par la production des oeuvres, le commissariat d’exposition (choix des artistes et des oeuvres), la scénographie, la communication (affiche, flyer, teaser…) et le vernissage. De vraies petites entreprises à chaque fois ! J’ai aussi suivi les cours en Phonon_Lab, un groupe de recherches orienté sur la création sonore, des cours de dessin d’espace, des colloques thématiques… Après l’obtention de mon diplôme de 5e année, j’y suis restée une année de plus en tant qu’assistante/monitrice en Phonon_Lab. Je suis passée de l’autre côté de la barrière. J’étais là pour soutenir les étudiants dans leurs créations par le matériel d’enregistrement, de montage et de diffusion et pour les orienter vers des techniques. Les assister en un mot. Cette année « un pied dedans, un pied dehors » m’a permis une stabilité afin de commencer mon activité d’artiste et de vj plus professionnelle, que je poursuis et développe jusqu’à maintenant.

Coze : Quels sont les artistes/les personnes qui t’ont influencés à te diriger dans cette voie ?
Léo Lefrançois : Evidement la transmission et le soutien de mes parents ont influencé mes choix. Autrement, il y a eu mon directeur de prépa Charles Gallissot, aussi notre professeur en histoire de l’Art et notre chef d’atelier. C’est un homme, un artiste qui a beaucoup compté et marqué mon apprentissage. Il nous a fait bosser comme jamais avec les autres étudiants, avec des présentations riches et intenses. À cette époque, je sculptais des pièces en papier immaculé quasi monumentales, surtout pour la taille de notre atelier. Elles faisaient jusqu’à 3m de haut et 5m de long. C’est devenu assez ingérable d’ailleurs à la fin. Je n’en ai gardé que des photos. Ce que je retiens à titre personnel de cette homme, c’est l’exercice de la quantité, puis de l’observation longue et silencieuse, des essais infinis d’imbrication, d’installation, de présentation pour seulement une production. Il nous poussait sans relâche à tester, à garder une trace, recommencer encore et encore afin porter encore plus loin notre visée et notre propos. Je relis souvent les notes et les lettres qu’il nous rédigeait à chacun. Elles me sont encore très précieuses ! Je me souviens aussi de l’artiste Marinette Cueco que j’ai rencontré très jeune via ma maman, lors du montage d’une de ses expositions, en 2003 je crois. Un moment précieux avec une femme généreuse qu’avait laissé « l’assister » durant une journée avec mes petites mains d’une dizaine d’années. J’en ai gardé une édition Semperivens qu’elle m’avait dédicacé. Il y a eu aussi un fameux tournage rue Oberkampf, un été, avec mon papa qui réalisait les décors. Premier contact souvenu avec le cinema. Je me souviens d’une scène où une comédienne ensanglantée sortait d’une poubelle verte de Paris. Je sais pas si c’est toujours le même vert aujourd’hui, mais ça flashait dans le paysage gris de Paris. C’est plus des instants qui m’ont dirigés dans cette voie. Pour les artistes, là, y en a pleins dont je suis tombée amoureuse du travail, ou du moins qui ont aidé à révéler mon désir de création. J’ai eu deux flashs photographiques importants : le premier avec un autoportrait de Robert Mappelthorpe et le second avec les natures mortes de Joel-Peter Witkin. Il y a les premiers travaux de Tony Cragg aussi, dont ma grand-mème m’avait cédé une monographie éditée par le Centre Pompidou. La peinture de Francis Bacon, gros coup de coeur sur son travail chromatique de la peau, de la chair. Enfin en vidéo et cinéma, il y a F.J. Ossang, surtout Le Trésor des Iles Chiennes et Silencio ; Kenneth Anger pour la radicalité, le surréalisme, les effets et le mystique de ces films ; The Clock de Christian Marclay ; Dario Agrento et tout le giallo ; Jonathan Glazer ; Germaine Dulac ; Onibaba et les tueuses de Kaneto Shindo ; tout Bill Viola ; La Montagne Sacrée de Jodorowsky ; tout Wim Wenders et surtout Paris, Texas… Je m’arrête là, y en a trop 

Coze : Au cours de tes études, tu as réalisé de nombreux projets dans le cadre de ton enseignement, mais également avec des associations. Pourrais-tu nous en parler ?
Léo Lefrançois : Je ne sais pas si ils sont si nombreux, mais je vais essayer de parler des plus notables à mes yeux. À la HEAR, c’était surtout des projets collectifs, comme l’expo annuelle Avant Première. Une année j’ai monté une scénographie Smog autour de l’expérience d’immersion du spectateur (qui fût ensuite le sujet de mon mémoire de fin d’études) en 2015. Sur ce projet, j’ai invité des musiciens à venir jouer en live au coeur du dispositif à quatre points. Visuellement, les deux premiers jours, le spectateur évoluait dans un noir quasi total et brumeux avec quelques faisceaux lumineux passants au travers d’un lustre central composé de lentilles optiques. Le troisième et dernier jour, on a laissé rentrer toute la lumière naturelle des fenêtres, laissant place à un brouillard gris et dense. Il y a eu pleins de petites expos intra-muros : comme Le coup de La Purée dirigé par Aliette Salama en 2015 : une sorte de cérémonie initiatique autour d’un petit monticule de purée ; la fête de Fin du Monde le 12/12/2012 dans le caveau de Hors-Format sous les doux vrombissements de micro-ondes ; ou encore la performance Living Memories avec Léa Chrétien et Freddy Mutumbo en 2015. L’une des installation de mon dernier diplôme, Hairvomit, ré-exposée à la première de Merci Beaucoup en 2017. C’est une bi-projection à échelle un, avec deux personnages muets et neutres, assis un tabouret regardant le spectateur qui est invité à s’assoir sur le même tabouret et dans la même position devant la projection, étrange effet miroir. Il y a eu aussi l’aventure Super Dimanche en 2014 avec Alex Marpeaux, Jonathan Omar et Farrah Bagarre qui a débuté à la HEAR, pour venir ensuite se greffer sur le festival Contretemps au Shadok. Une scénographie totémique composé d’un orgue central bleu carbone et d’un vjing spacialisé à quatre mains avec mon acolyte Farrah Bagarre. En parallèle de mes études, j’ai intégré l’association d’évènements trans-disciplinaires Club Icôn (2012-2014), active sur la scène strasbourgeoise. De cette expérience j’en ai tiré un apprentissage solide en techniques de scène, en montage, en débrouillardise ; j’y ai testé pas mal de choses notamment en installation vidéo. On a vraiment beaucoup produit durant cette période. C’était aussi un bol d’air vis-à-vis des études, un contact plus direct avec le public plus hétérogène d’ailleurs. C’est de là que je suis un peu devenue couteau-suisse. Et c’est à la toute fin de cette aventure que je suis tombée à pieds joints dans le vjing. La fin de l’asso est arrivée. J’ai persévéré dans le vjing avec d’autres associations comme Ephémère ou Closely sur Strasbourg, de nouveau sur Contre-temps… En 2014, j’ai aussi réalisé un vidéoclip A sit with no View pour la musicienne Tamara Goukassova (Alpage Records), une sorte de bref conte qui reprend la figure d’Ophélie et les codes de la sculpture classique au travers d’un environnement végétal contemplatif.

Coze : Au cours de tes études, tu as réalisé de nombreux projets dans le cadre de ton enseignement, mais également avec des associations. Pourrais-tu nous en parler ?
Léo Lefrançois : Je ne sais pas si ils sont si nombreux, mais je vais essayer de parler des plus notables à mes yeux. À la HEAR, c’était surtout des projets collectifs, comme l’expo annuelle Avant Première. Une année j’ai monté une scénographie Smog autour de l’expérience d’immersion du spectateur (qui fût ensuite le sujet de mon mémoire de fin d’études) en 2015. Sur ce projet, j’ai invité des musiciens à venir jouer en live au coeur du dispositif à quatre points. Visuellement, les deux premiers jours, le spectateur évoluait dans un noir quasi total et brumeux avec quelques faisceaux lumineux passants au travers d’un lustre central composé de lentilles optiques. Le troisième et dernier jour, on a laissé rentrer toute la lumière naturelle des fenêtres, laissant place à un brouillard gris et dense. Il y a eu pleins de petites expos intra-muros : comme Le coup de La Purée dirigé par Aliette Salama en 2015 : une sorte de cérémonie initiatique autour d’un petit monticule de purée ; la fête de Fin du Monde le 12/12/2012 dans le caveau de Hors-Format sous les doux vrombissements de micro-ondes ; ou encore la performance Living Memories avec Léa Chrétien et Freddy Mutumbo en 2015. L’une des installation de mon dernier diplôme, Hairvomit, ré-exposée à la première de Merci Beaucoup en 2017. C’est une bi-projection à échelle un, avec deux personnages muets et neutres, assis un tabouret regardant le spectateur qui est invité à s’assoir sur le même tabouret et dans la même position devant la projection, étrange effet miroir. Il y a eu aussi l’aventure Super Dimanche en 2014 avec Alex Marpeaux, Jonathan Omar et Farrah Bagarre qui a débuté à la HEAR, pour venir ensuite se greffer sur le festival Contretemps au Shadok. Une scénographie totémique composé d’un orgue central bleu carbone et d’un vjing spacialisé à quatre mains avec mon acolyte Farrah Bagarre. En parallèle de mes études, j’ai intégré l’association d’évènements trans-disciplinaires Club Icôn (2012-2014), active sur la scène strasbourgeoise. De cette expérience j’en ai tiré un apprentissage solide en techniques de scène, en montage, en débrouillardise ; j’y ai testé pas mal de choses notamment en installation vidéo. On a vraiment beaucoup produit durant cette période. C’était aussi un bol d’air vis-à-vis des études, un contact plus direct avec le public plus hétérogène d’ailleurs. C’est de là que je suis un peu devenue couteau-suisse. Et c’est à la toute fin de cette aventure que je suis tombée à pieds joints dans le vjing. La fin de l’asso est arrivée. J’ai persévéré dans le vjing avec d’autres associations comme Ephémère ou Closely sur Strasbourg, de nouveau sur Contre-temps… En 2014, j’ai aussi réalisé un vidéoclip A sit with no View pour la musicienne Tamara Goukassova (Alpage Records), une sorte de bref conte qui reprend la figure d’Ophélie et les codes de la sculpture classique au travers d’un environnement végétal contemplatif.

Coze : Pourrais-tu nous expliquer ta démarche artistique ?
Léo Lefrançois : Ça, c’était ma hantise durant mes études. Du coup, je vais sortir mon joker, un texte poétique de ma plume mais qui résume assez bien ma démarche je trouve. « Magique, l’image nous transporte. Sombre, elle nous effraie. Absente, elle sème le doute. » Enfin, pour élucider ces propos, je dirais brièvement que je travaille la question de la fascination à l’image (au travers de ma propre fascination, de ma propre obsession), je tente de semer le doute, d’hypnotiser parfois, de faire surgir l’étrange et de toujours transporter le spectateur : par la manifestation de l’inconscient, de rêves éveillés et de cauchemars sonores et/ou visuels. La représentation du corps revient incessamment, au travers d’une seule et même figure de femme, puissante, parfois sorcière, Ophélie ou Sibylle. Cette représentation revient par refrains, par motifs, par gestes : sans tête, fragmenté, déchiré, muté, défiguré. Je joue ainsi avec l’esthétisme, le cliché, le mysticisme, le nu, la persistance rétinienne, afin de construire ma propre mythologie, ma propre iconographie.

Coze : Quelles sont les réalisations dont tu es le plus fière ?
Léo Lefrançois : J’ai adoré écrire et réaliser le clip Almadraba pour les Phoenician. J’avais carte blanche, mais je m’étais donnée une directive précise : incarner l’almadraba (une technique traditionnelle de pêche espagnole, si je ne m’abuse) sans la mer, sans le poisson, sans rien de trop téléphoné. Et c’est venu comme à chaque fois avec moi : avec le corps et plus précisément avec le geste. Celui qui avec seulement le bras ramène le filet de pêche dans la barque. Tout est parti de ce geste répété inlassablement. Il y a aussi quelque chose que je porte au travers du vjing, et dont je suis fière quand cela arrive : c’est la rencontre entre la musique et mes visuels. Un dialogue où la connexion se fait. Je ne me branche jamais à la table de mix’, je me base seulement sur ce que j’écoute et ce que je ressens en live. J’écris en simultané de la musique et n’en garde souvent aucune trace. La première fois que ce genre d’évènement est survenu ça a été avec Dj Masda chez Ephémère en 2015. Il y a aussi eu tout le dispositif vidéo de la soirée Bi Turbo en 2018 que j’ai drivé avec Farrah Bagarre, Matthieu Bernard et Jean-Baptiste David. C’était vraiment fou ! Il y en avait partout et ça surenchérissait la scénographie déjà démente. L’entièreté de mon diplôme, l’ensemble du parcours d’installations avec Hairvomit, puis La Fabuleuse Marche, la série photo Curieuses et le continuum sonore a également été un gros moment de fierté. J’y ai mis énormément de moi-même. Peut-être trop d’ailleurs, j’ai repoussé pas mal de limites que je me faisais à moi-même : au niveau technique et sensible par exemple. J’en ai peu de traces, d’archives, mais le souvenir est encore là. Je rêve notamment de remonter La Fabuleuse Marche depuis, une installation très très grand format, peuplée d’une armée de femmes déterminées, spectrales et surtout souveraines. Puis y a eu une invitation de collaboration juste parfaite, en février dernier de mon ami musicien Cosmic Neman (Versatile Records) avec qui on a co-écrit une performance dans le cadre du FAME Festival à La Gaité Lyrique à Paris : Reality is a Dream. Une immersion d’une petite heure, avec au synthé, drone et percus Cosmic et à la vidéo moi-même. Improvisations et retrouvailles avec Dame Nature étaient au rendez-vous.

Coze : Quelles sont les actualités à venir ?
Léo Lefrançois : J’ai une exposition prévue pour juin chez Avila, la plate-forme de coiffeur indépendants et lieu d’expo depuis prés de 15 ans. J’exposerais ma série de photographies Modelshop que j’ai commencé en 2016 et qui a pas mal murie avec les années. Avec cette série, j’ai exploité les mannequins de vitrines, leur place dans l’espace urbain, le rapport du dedans au dehors, la symbolique qu’il convoque sur le corps, celui notamment de la femme. J’ai aussi commencé tout récemment une collaboration en tant que vj avec un groupe de musique expérimentale bruxellois : Landscape Magazine. On a fait une première date en février dernier, une autre est prévue début avril à Bruxelles, mais bon au vu des circonstances exceptionnelles dans lequel le monde est plongé, la date est évidement reportée, et d’autres dates en vjing également en suspens pour le moment. Aussi et pour finir, je suis en pleine écriture de mon premier court-métrage en tant que réalisatrice. C’est un portrait documentaire. Je vais rester mystérieuse, mais c’est un gros projet que je porte depuis un moment déjà avec le coeur et la témérité, qui je crois me caractérise.

Coze : As-tu un petit mot/conseil à apporter à nos lecteurs en cette période de confinement ?
Léo Lefrançois : Restez chez vous, rattrapez votre sommeil, rappelez enfin vos parents et mettez votre compta à jour. Et courage !

La couv’ vue par l’artiste :

« La photographie que j’ai choisi pour la couverture est issue de ma série Modelshop. C’est une série dans laquelle je travaille la question de la représentation du corps à travers des mannequins de vitrine, donc des corps inanimés et immobiles. Sur cette photographie en particulier, le mannequin de vitrine et le reste de la vitrine s’efface complètement. Ne reste qu’un échantillon fantomatique de ce mannequin là. Par contre, les reflets de l’architecture environnante de cette vitrine prennent la place principale. Des jeux entre le dedans et le dehors. »



Les Hopl’Awards c’est la cérémonie de récompense culturelle alsacienne. Ses missions : cerner les tendances culturelles et artistiques de l’année écoulée, récompenser les acteurs culturels de la scène régionale et déceler les révélations de demain.

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