Rodrigo Morales Pomarat – Mai 2022

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Chaque mois, Coze invite un artiste local à réaliser la couverture du magazine. Dans le cadre des Hopl’Awards, le public est amené à voter pour sa couv’ favorite.

Pour le mois de mai 2022, c’est le concepteur designer strasbourgeois Rodrigo Morales Pomarat qui s’empare de la couverture de COZE Magazine.

La couv’ vue par l’artiste

« L’outil, parce que pour moi un agenda c’est aussi un outil. »

Culture et double-culture

Rodrigo est né à Strasbourg, il a été élevé dans la culture brésilienne du côté de sa mère. Avec des parents musicien et danseuse souvent en tournée, c’est son grand-père maternel qui est venu depuis le Brésil pour s’occuper de lui. Rodrigo a donc baigné depuis tout petit dans le monde du spectacle mais aussi dans une double culture. Cette enfance teintée d’arts et de rencontres culturelles l’a beaucoup enrichi et il s’est assez naturellement dirigé, lui aussi, vers ces domaines. Entre les salles de spectacles et les amis de ses parents, Rodrigo a rencontré des artistes, des décorateurs, des metteurs en scène, des photographes, des costumiers… des personnes qui l’ont toujours accompagné et enrichi par leurs visions et leurs manières de travailler.

Sachant toutefois qu’il ne voulait pas suivre le chemin des planches, c’est le dessin qui a très vite été son mode d’expression de prédilection. Il est d’ailleurs assez fasciné par les dessins techniques, qu’il s’agisse d’images de corps humains ou de machines. Rodrigo parle plusieurs langues, il n’est toutefois pas à l’aise avec l’écrit, il est dyslexique et le dessin est devenu pour lui au fil du temps un véritable langage. Aujourd’hui encore, il fait comprendre ses projets et exprime ses choix artistiques à travers l’esquisse.

DEPUIS PETIT J’ÉTAIS DANS CE SPECTRE CULTUREL DONC JE NE ME SUIS JAMAIS DIT QUE JE POUVAIS FAIRE AUTRE CHOSE, MAIS ÇA S’EST FAIT DE MANIÈRE ASSEZ NATURELLE.

De rencontres en projets 

Après des études littéraires, un bac raté, un séjour au Mexique où il initie une formation chez un couturier, Rodrigo pose ses valises à Paris pour une mise à niveau à LISAA. Il passe ensuite les concours pour les écoles en design de mode et sort diplômé de l’atelier Chardon Savard en 2010. Suite à une rencontre avec la photo-graphe Odile Bernard-Schröder, il aura l’opportunité de travailler durant 7 ans en freelance dans l’univers de la mode et du luxe.

Il rejoint ensuite à nouveau Strasbourg avec sa compagne. Un retour qui ne se serait opéré sans l’impulsion d’une rencontre humaine et professionnelle avec Cléo Huet, qui est aujourd’hui encore son associée. Il rejoint le projet AVLAB, un fablab alors installé rue des Frères à Strasbourg. AVLAB est une association qui gère un fablab, un laboratoire de fabrication, qui permet de mettre à disposition du grand public des outils jusqu’alors destinés aux industriels, comme des fraiseuses, découpeuses laser ou encore imprimantes 3D.

Après la rue des frères, l’association s’est implantée au Shadok, elle a depuis déménagé et est aujourd’hui installée aux Ateliers Éclairés dans le quartier de la Coop à Strasbourg. Cette rencontre avec l’outil numérique a permis à Rodrigo de développer une approche singulière entre l’outil machine et ses idées. En tant que co-fondateur d’AVLAB, Rodrigo travaille alors au développement de l’image et de l’identité du fablab mais aussi autour de l’ouverture, de la sensibilisation et de l’accès aux nouvelles technologies à travers la mise en place d’ateliers et de formations dans une forme d’éducation populaire. Il marche ainsi, d’une certaine façon, dans les pas de ses grands-parents, Jacqueline, André Pomarat et Carlos Morales, qui ont beaucoup œuvré pour l’accessibilité, l’éducation et le fait de donner la chance à tous de trouver plus d’autonomie et donc de liberté.

Yoland

En parallèle, il monte les Ateliers Bah, un studio de design en collaboration avec Cléo Huet, Anne-Sophie Acomat et Jérémie Bellot, mais aussi la seconde franchise française d’un concept japonais, le Fabcafé. Ces différents projets et expériences l’ont ensuite emmené à la création de Yoland, une fois encore avec Cléo Huet. L’idée de Yoland vient de la contraction de Yo et de land, pour mettre en lumière le rapport à l’environnement urbain et tout ce qui est culture populaire. Ce projet regroupe aujourd’hui les différentes facettes des activités de Rodrigo. Yoland, c’est une agence créative transversale qui interroge l’ensemble des modes de consommations en ville : on y retrouve des vêtements inclusifs, des produits, des projets sténographiques, de la conception d’espace ou encore du mobilier.

Aujourd’hui avec Yoland, Rodrigo répond à différents marchés publics ce qui lui permet de proposer des idées en adéquation avec sa vision des choses, notamment en termes d’environnement. Vous pourrez prochainement voir un des projets de l’agence dans les rues de Strasbourg : FlorH2O ! Ce projet a été sélectionné suite à un appel à manifestation d’intérêt de la ville de Strasbourg, dans le cadre des usages éphémères. FlorH2O est une solution de récupération des eaux de pluie sous la forme de mobilier urbain. L’idée de ce projet est de sensibiliser les publics autour de cette ressource qui se fait de plus en plus rare mais aussi de permettre d’utiliser cette eau. Même si en France elle n’est pas considérée comme potable, toute cette eau récupérée permettra à tout un chacun de se laver les mains, d’arroser les plantes aux alentours ou même de se rafraîchir en été.

Ce projet permet de remettre cet élément au cœur des villes souvent étouffantes en été. Ce type de démarche est aujourd’hui ce qui permet à Rodrigo de mêler son attrait pour le dessin avec ses aspirations personnelles. Il est aujourd’hui multi-casquettes : il opère ici comme porteur de projet avec l’idée et le dessin, recherche ensuite les partenaires pour monter le projet. Cela lui permet également de regrouper différents aspects qu’il affectionne particulièrement : le côté urbain, le design, l’écologie, la conscience environnementale, l’architecture mais aussi la sensibilisation du public à laquelle il attache une grande importance.

Le Walltracer

Rodrigo travaille aussi actuellement sur un second projet que vous pourrez découvrir prochainement : le Walltracer ! Derrière ce nom intriguant se cache une machine à commande numérique permettant de dessiner à distance. L’idée a germé de deux constats : Rodrigo a toujours aimé dessiner mais il ne s’est jamais senti en capacité techniquement de faire les dessins qu’il peut réaliser sur papier sur un autre support.

Le second vient de la pandémie : avec l’incapacité durant cette période pour les artistes de se déplacer, cette machine apparait comme une solution qui permet le dessin à distance. Ce projet murit depuis un moment dans l’esprit de Rodrigo. Il a commencé les premiers essais en détournant les machines du fablab d’AVLAB pour créer des affiches grands formats. Au lieu de leur faire découper du bois, qui est leur usage premier, Rodrigo a modifié l’outil pour permettre aux machines de dessiner. Depuis ces premières expérimentations, le projet Walltracer a bien grandi et Rodrigo sera en résidence accompagné par Sylvain Delbart d’Akwariom, une entreprise spécialisée dans la réalisation de solutions technologiques innovantes pour le spectacle vivant et les arts numériques, pour tester la machine et ses outils. 

La résidence se déroulera dans un local situé au 4 rue de la Douane à Strasbourg et la machine sera mise en usage public du 7 au 19 mai, tout un chacun pourra alors venir essayer ce nouvel outil. Ensuite, fin mai, le Walltracer sera présenté sur le stand de Coze Magazine lors du NL Contest les 20, 21 et 22 au skatepark de la Rotonde à Strasbourg. L’occasion idéale pour essayer cette machine et aussi rencontrer Rodrigo !

AUJOURD’HUI, JE SUIS DESIGNER, À CHEVAL ENTRE L’ART ET LE DESIGN, ENTRE LE CRÉATIF ET LE PRATIQUE.

La dimension polymorphe du design permet à Rodrigo d’assouvir son besoin de liberté mais aussi d’étancher sa soif de découvertes et de rencontres. Son travail est en constante évolution grâce aux multiples facettes que lui permet son métier. Il passe avec aisance du textile, au bois ou au métal, au dessin, de l’objet à l’espace… Éternel apprenti, il s’enrichit au fur et à mesure de ses rencontres personnelles ou professionnelles et de ses aspirations.

Son expérience d’enseignement à la HEAR l’an passé, l’a beaucoup enrichi et l’a aussi confronté aux problématiques des étudiants. Des questionnements qui interrogent la posture du designer, mais également les responsabilités de ce dernier face aux enjeux contemporains qui se profilent. Ces questionnements ont poussé Rodrigo à s’interroger et à reconsidérer sa place et son pouvoir au regard de ces enjeux. Il espère aujourd’hui, de par son travail, avoir un impact ou du moins une influence qui sensibilisera tout un chacun aux questions de la liberté individuelle et collective.

Pour en savoir plus sur le travail de Rodrigo Morales Pomarat

 



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