Sven – Mai 2020
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Pour notre numéro du mois de mai, qui signe habituellement le retour des beaux jours et entre autres du NL Contest , nous avons confié la couverture du magazine à un artiste issu de l’un des courants majeur des cultures urbaines : Sven . Artiste peintre mulhousien et membre du TVC et du Schlager Club , Sven fait partie de ces artistes qui ont fait leurs armes dans la rue, influencés par la culture hip hop et l’essence brute du graffiti. Insatisfait par le caractère éphémère de son art et motivé par un souhait d’expérimentation et de renouveau, le graffeur est passé de la surface poreuse des murs à des toiles autres supports de plus petites tailles. Une approche différente, qui a permis a cet adepte des lettres simples et arrondies de se faire une place dans les galeries françaises et internationales. Retour sur son parcours…
Coze : Bonjour Sven ! Pour commencer, pourrais-tu te présenter à nos lecteurs en quelques mots ?
Sven : Bonjour, je m’appelle Sven. Je suis né en 1988 à Mulhouse. Je suis peintre graffeur et membre du Schlager Club .
Coze : Quel a été ton premier rapport avec le milieu artistique et comment t’es tu intéressé au graffiti ?
Sven : Quand j’étais au lycée, j’avais des potes qui avaient toujours un marqueur sur eux, qui étaient toujours entrain de tagguer sur les tables dans les chiottes. J’ai tout de suite trouvé ce mouvement hyper attirant. Du coup, j’ai commencé à faire mes premières esquisses sur papier, lire les magazines spécialisés, matter en boucle Writerz – 20 ans de graffiti à Paris… jusqu’au moment où il a fallu aller voir ce que je valais sur les murs. Et là je me suis rendu compte que la route était encore longue ! Heureusement, à l’époque j’étais drivé par des potes, Klamer, Komor, Mek, etc. avec qui j’ai pu faire mes premières pièces. Le graffiti c’est addictif comme le tatouage. Tu commences, puis tu ne penses plus qu’à ça et là tu contamines les autres (bon, le terme « contamination » en ce moment c’est pas l’idéal, mais c’est vraiment ça). C’est à cette période qu’on a créé le TVC, notre premier collectif, avec Kean et Sensi, puis Yrak (mon frère), Nils (mon cousin), puis Fernand et Milf nous ont rejoint…
Coze : Quels sont les artistes/personnes qui t’ont incités à te diriger dans cette voie ?
Sven : Franchement, au début j’allais souvent à Toulouse pour voir ma famille en train, et quand je regardais par la fenêtre je prenais de vraies gifles visuelles. En tout cas c’est l’élément déclencheur qui m’a donné envie de peindre. Dans les videos, les mecs qui étaient de vrais « motivateurs » c’était Oclock, Tran, Jonone et Nasty ! Je regardais 10min de vidéo et j’étais chaud pour la soirée ! Jonone reste un vrai exemple pour moi, mais dans un autre domaine. Je suis vraiment très sensible au travail de Dali, qui arrive à travers ses oeuvres à représenter le temps qui passe, qui s’écoule, qu’on ne peut retenir… À l’image des coulures sur mes toiles !
Coze : As-tu suivi une formation particulière suite à cet engouement ?
Sven : Non, pas de formation particulière. J’ai été aux Beaux Arts de Mulhouse quelques mois, mais c’était pas mon truc. Je n’arrivais pas à comprendre comment des professeurs pouvaient me mettre une note sur 20 quand ils me demandaient de faire ce qui me passe par la tête… Bref, j’ai peut-être pas saisi la finalité, du coup je suis plutôt autodidacte !
Coze : Quelles ont été les étapes de ton cheminement artistique ?
Sven : Le graffiti c’est dehors, c’est la rue, c’est les ponts… Alors tu passes des soirées entières à faire des esquisses, trouver des spots, réfléchir à tout ce qu’il faut pour y aller ! L’adrénaline est une vraie motivation, mais j’avais du mal à me satisfaire de ce que j’avais fait dès le lendemain… Petit a petit, je me suis plus consacré à des pièces dans les terrains, à prendre le temps de bosser les lettres et surtout les couleurs comme je les avais en tête. Puis, le coté éphémère de mon boulot m’a vite agacé (même si c’est le jeu…). J’ai voulu me mettre à la toile pour pouvoir partager, expérimenter de plus petites surfaces, une autre approche… Alors bien sûr, on entend souvent que le graffiti n’est pas fait pour aller sur une toile, qu’il ne doit pas aller en galerie, etc. Mais aujourd’hui, 80% des mecs qui ont fracassé la rue sont en galerie. C’est une chance d’en vivre ! C’est une vraie reconnaissance quand un mec vient et te dit « J’achète ta toile. Je la mets chez moi, dans mon salon ! ». Aujourd’hui je me sens comme un artiste peintre au sens large du terme.
Coze : Comment définirais-tu ton travail ?
Sven : Mon travail est difficilement définissable, car je suis en perpétuelle recherche de créativité et de renouveau. Mais si il y a quelque chose qui lie mes travaux, c’est une volonté de représenter le graffiti dans son essence la plus simple : avec des tags, des reliefs, des superpositions de peinture, des couleurs vives, etc. Je suis un adepte des lettres simples et arrondies, du Flop en général. Aujourd’hui, je travaille les formes plus impulsives : moins de lecture, plus de pulsions !
Coze : Quelles sont les techniques et supports que tu utilises ? Ont-ils évolué avec le temps ?
Sven : Depuis le début, j’essaye de ne peindre qu’a l’aérosol en l’associant à des matières sur mes toiles : du crépis, du carton, des grilles, du grillage… Oui bien sûr, elles évoluent, elles s’affinent, mais restent toujours très simplistes.
Coze : Tu fais partie des collectifs TVC et Schlager Club. Qu’est ce que t’apportent ces unions avec d’autres artistes ? Avec lesquels collabores-tu principalement ?
Sven : Oui, le TVC et le Schlager Club sont à la genèse de tout ce qui se passe aujourd’hui. Le fait de peindre dans le même atelier que mes amis est une véritable chance. C’est une force qui te tire toujours vers le haut quand tu es dans le doute. Qu’est ce qui est plus cool que de bosser avec ton frère et tes potes ? Franchement, j’ai de la chance et j’en remercie le ciel chaque jour ! J’ai commencé à exposer et faire le tour des expositions d’art avec Yrak et Fernand principalement.
Coze : Quelles sont les oeuvres dont tu es le plus fier ?
Sven : Je suis fier, du moins je suis satisfait, de toute les toiles qu’on peut trouver de moi. Sinon elles seraient dans une benne. Mais, il y a toujours des oeuvres qui te marquent… comme la première toile que j’ai vendue pour rien et la femme qui l’a achetée m’a pris dans ses bras avec les larmes aux yeux, en me disant que je ne pouvais imaginer comme elle était heureuse d’avoir cette toile chez elle. Là, j’ai compris la portée que pouvait avoir l’art sur les gens en général. Et je dirais que la toile la plus marquante en terme d’exposition, c’était celle exposée à New-York, à coté de Banksy et Fenx à l’Urban Art Fair … Ça reste un truc bien marquant !
Coze : Quelles sont tes actualités à venir ?
Sven : J’expose actuellement dans différentes galeries en France. Bien sûr, à la Malagacha Gallery à Strasbourg, mais aussi à la galerie Saltiel à Aix en Provence, à l’Outsiders à Rouen, à la galerie Duret à Paris et à Bruxelles et bientôt sur Johannesburg…